Gérard de Palézieux
Gérard de Palézieux commence des études classiques qu’il
interrompt à seize ans pour s’inscrire à l’École cantonale d’art de Lausanne.
Insatisfait de l’enseignement de l’école, Palézieux puise dans les musées et
les livres les modèles du grand art qui l’aident à progresser. En 1939, une
erreur administrative lui permet de séjourner pendant les premières années de
guerre à Florence, où il s’initie à l’art de la Renaissance et découvre le
paysage toscan. Il fréquente l’atelier de deux peintres, les frères Trovarelli,
dépositaires de toutes sortes de procédés secrets ou disparus. C’est à ce
moment aussi qu’il découvre la peinture de Giorgio Morandi à qui il rendra
visite plus tard.
De retour en Suisse en 1943, Palézieux s’installe à Veyras près de Sierre. Il
ne quittera plus le Valais, dont les paysages deviennent un des principaux
sujets de sa peinture, même s’il se rend régulièrement en Italie, à Rome et
dans ses environs, en Toscane, puis dans les Marches d’où il ramène des compositions
à l’huile et à la tempera. Dès 1960, il aime à séjourner dans la Drôme, près de
Grignan, où s’est fixé son ami le poète Philippe Jaccottet. Ses lavis, dessins
et eaux-fortes représentent de nombreux paysages dont les rythmes
architecturaux, calmes et solides, sont baignés d’une lumière frémissante. Cet
art classique, qui s’appuie avec confiance sur les exemples du passé, atteint
alors à son point d’équilibre.
À partir de 1975, le peintre pratique assidûment l’aquarelle: cette technique
plus rapide, plus fluide, coïncide aussi avec la découverte de Venise où
Palézieux se rend désormais régulièrement. Son art y gagne en liberté.
L’eau-forte que pratique le peintre depuis plusieurs années déjà s’en trouve
également transformée dans la mesure où l’artiste cherche à obtenir à l’aide de
l’aquatinte ou du vernis mou les effets de lumière et de transparence propres à
l’aquarelle.
Dès le premier jour, la vocation de Palézieux aura été de tenter la
restitution, au plus près de son émotion, du spectacle du monde – paysages,
intérieurs, objets, fleurs ou fruits. Fait plutôt rare à son époque
caractérisée par d’incessantes remises en question du statut de l’art et de la
représentation, il n’a jamais été ébranlé par les modes et a persévéré seul
dans la traduction fidèle de la réalité. En revanche, son effort s’est
entièrement porté à l’acquisition de moyens propres à rendre la vibration de la
lumière, à saisir les valeurs les plus subtiles qui animent selon les saisons
les pays traversés, villes ou campagnes, montagnes ou bords des fleuves. Une
intime cohérence associe sa vision et ses recherches sur les matériaux: ses
images donnent l’impression d’une perception de plus en plus attentive du
passage du temps.
À côté de son œuvre de peintre, Palézieux a développé une abondante activité de
graveur. Il a réalisé plusieurs centaines de planches libres ou destinées à
l’édition. Il a ainsi illustré les textes de ses amis les poètes Gustave Roud,
Philippe Jaccottet, Julien Gracq, Maurice Chappaz, lesquels ont été les premiers
à dire l’importance de son œuvre. De nombreuses expositions ont été consacrées
à son art, notamment l’importante rétrospective de 1989 au musée Jenisch à
Vevey et celle de 2000-2001 au musée de la maison de Rembrandt à Amsterdam.
Palézieux a reçu le prix de l’Hermitage à Lausanne en 1994 et celui de l’État
du Valais en 1996.
Collections institutionnelles (sélection): Chicago, Art Institute of Chicago;
Genève, Musée d’art et d’histoire; Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts;
Sion, Musée d’art du Valais; Washington D.C., National Gallery of Art.
Sources
Sikart, Dictionnaire sur l’art en Suisse