Fondation Gaspoz
Rainer Maria Rilke est un auteur universel et un poète majeur du XXe siècle. Ses admirateurs sont encore nombreux dans le monde entier si l'on en juge par le nombre important d'ouvrages régulièrement réédités et par la diversité des langues dans lesquelles Rilke a été traduit.
Un homme a eu la chance de le côtoyer durant ses années valaisannes, c'est Henri Gaspoz. Cet enfant de Veyras nous a laissé un très intéressant recueil de souvenirs où il relate ses impressions sur la vie quotidienne du poète.
Lorsque Rilke et sa compagne Baladine Klossovska s'installent à Veyras le 26 juillet 1921, ils découvrent un château de Muzot assez inconfortable et isolé. Quelques semaines plus tard, le chemin de Henri Gaspoz allait providentiellement croiser celui de l'illustre poète. Agé alors de onze ans, il s'offrit d'aider les nouveaux habitants du château dans l'accomplissement des tâches quotidiennes. Henri Gaspoz deviendra l'homme à tout faire de la maison, tout à la fois commissionnaire, facteur et jardinier. De sa première rencontre avec Rilke, il garde un souvenir extrêmement précis : "C'était un homme d'aspect plutôt frêle, la figure allongée, le regard plein de bonté. Il était simple et courtois, soucieux de son élégance et curieux de tout savoir du monde paysan qui l'entourait". Rilke se préoccupa également de l'avenir du petit Gaspoz en lui trouvant une place d'apprentissage à l'usine de Chippis, ce qui lui permit plus tard de devenir ingénieur. "Rilke a changé ma vie", aimait à dire Henri Gaspoz.
A titre de reconnaissance envers son bienfaiteur, Henri Gaspoz créa la fondation qui porte son nom, laquelle décerne chaque deux ans un prix de dix mille francs à un artiste, un écrivain ou un architecte valaisans. Pour sa dix-huitième édition, le prix de la Fondation Gaspoz a été décerné en 2001 à l'artiste peintre Christine Mühlberger.
Le protégé du grand homme de lettres s'en est allé le rejoindre le 27 décembre 2001 à l'âge de 91 ans, quelque part dans un jardin de roses, ainsi que Rilke l'avait écrit.